lundi 13 octobre 2025

L’humain n’est pas loyal

L’humain est-il vraiment loyal ?
Comment un être qui traverse une aventure qu’il ignore, qui ne choisit pas ses passions, ses amours, ses désirs, peut-il être loyal ?

Nous vivons dans un monde où le libre arbitre est souvent une illusion.
Nos décisions ne sont pas toujours nôtres : elles sont influencées par le cerveau, par l’envie, par l’ego.
Comme des robots, nous exécutons, obéissons, aimons ce que le corps ou l’esprit nous dicte.

La loyauté : un idéal ou une illusion ?

On nous enseigne que la loyauté est une vertu, une valeur que l’on doit protéger.
Mais peut-on être loyal quand nos choix ne nous appartiennent pas entièrement ?
Quand aimer quelqu’un ou quelque chose dépend plus d’un mélange de pulsions, d’habitudes et de désirs programmés que d’une décision consciente ?
Alors, la loyauté devient fragile. Elle se tord sous le poids de la peur, de l’ego et des attentes sociales.

Le cerveau et l’ego : les maîtres invisibles

Nos pensées, nos actions, même nos sentiments, sont souvent guidés par des forces invisibles.
Le cerveau calcule, l’ego protège, l’envie s’impose.
On croit décider librement, mais on suit un plan inconscient que nous ne maîtrisons pas entièrement.
L’humain n’est pas un maître complet de sa loyauté : il navigue entre impulsions, désirs et contraintes, parfois contradictoires.

La loyauté dans l’amour et les relations

Aimer semble être l’ultime test de loyauté.
Mais comment être loyal quand l’amour est imposé par le hasard, par la chimie, par les circonstances ?
On peut trahir, décevoir, changer de cœur non pas par méchanceté, mais parce que l’humain est soumis à ses instincts, à ses besoins et à ses émotions fluctuantes.
La loyauté n’est pas un choix simple, c’est une bataille contre soi-même, contre l’ego, contre le monde.

L’humain : robot ou acteur ?

Parfois, nous exécutons nos vies comme des robots : nous aimons, nous travaillons, nous trahissons, nous suivons des codes que nous n’avons pas choisis.
Mais il y a toujours une possibilité : prendre conscience, réfléchir, décider.
C’est dans cette conscience que la loyauté peut naître, fragile mais réelle.
Sans réflexion, sans introspection, l’humain reste soumis à ses instincts et à son ego.

 L’humain face à lui-même

La loyauté n’est pas naturelle, elle se construit ou se détruit  selon le contexte.
Dans la vie quotidienne, nous voyons des gens trahir non pas par cruauté, mais par peur, fatigue, besoin de survie.
Un ami peut te tourner le dos parce qu’il a choisi la facilité.
Un partenaire peut s’éloigner parce que ses désirs changent, parce que l’ego prend le dessus.
Un parent peut échouer à être fidèle à ses valeurs parce que la vie est plus dure que les idéaux.

La réalité, c’est que l’humain est contradictoire.
Il veut aimer, mais il a peur de perdre.
Il veut être juste, mais il est limité par ses besoins, ses blessures et son passé.
Il veut être loyal, mais la société, la pression, les ambitions et les instincts le poussent parfois à trahir.

Et c’est normal. Oui, c’est normal.
Parce que la loyauté est une lutte constante.
Elle n’existe pas comme un état permanent, mais comme des choix répétés face à des tentations, des défis et des faiblesses.
Celui qui trahit une fois ne devient pas forcément un traître pour toujours.
Celui qui reste fidèle malgré la douleur et les distractions est un rare conquérant de soi-même.

La vraie loyauté, ce n’est pas seulement respecter les autres, c’est se respecter soi-même.
Savoir jusqu’où aller, savoir dire non, savoir poser des limites, savoir regarder la vérité en face : voilà la vraie mesure d’un être loyal.

Loyauté et société : l’illusion collective

L’humain n’est pas loyal, et la société ne l’est pas non plus.
On attend des individus qu’ils respectent des codes, qu’ils s’alignent sur des valeurs qu’ils n’ont pas choisies, et qu’ils soient fidèles à des idéaux abstraits.
Mais ces codes sont souvent imposés par la peur, l’habitude, la tradition ou la nécessité.

On exige de l’humain qu’il soit loyal à des règles qui le dépassent, et quand il échoue, on le juge, on le condamne.
La société oublie que la loyauté ne naît pas de la contrainte, mais de la conscience et du choix.
Chaque trahison sociale qu’il s’agisse de corruption, d’injustices ou de mensonges  est le reflet de cette lutte permanente entre désir, instinct et devoir.

 Loyauté et solitude

Être loyal, c’est aussi être seul parfois.
Car suivre sa conscience, respecter ses valeurs profondes, refuser la facilité ou la tromperie, c’est souvent se retrouver isolé.
La loyauté demande de résister aux pressions, aux attentes, aux tentations.
C’est un chemin solitaire où l’on apprend à se mesurer, à se connaître, à se contrôler.

 Loyauté et apprentissage

La loyauté n’est jamais un don inné.
Elle se construit dans la douleur, dans la trahison, dans l’expérience.
Chaque échec, chaque déception, chaque choix malheureux est une leçon.
Celui qui trahit peut apprendre, celui qui reste fidèle peut s’améliorer.
La loyauté n’est pas un état, c’est un chemin : un chemin semé d’épreuves, mais aussi de conquêtes sur soi-même.

La responsabilité personnelle

Reconnaître que l’humain n’est pas loyal, ce n’est pas se résigner.
C’est accepter sa propre responsabilité : la loyauté commence par soi-même.
Se respecter, poser ses limites, regarder la vérité en face, comprendre ses contradictions et agir en connaissance de cause : voilà le véritable test de loyauté.

L’humain peut trahir par instinct, par faiblesse, par peur.
Mais il peut aussi choisir d’être fidèle, malgré tout.
Chaque acte loyal devient alors un acte de courage, un acte de liberté.

 Réflexion finale

La loyauté n’est pas un droit, ce n’est pas une qualité automatique.
Elle est fragile, humaine, imparfaite.
Mais elle est possible.
Elle est le fruit de la conscience, de l’expérience et du courage.

Alors, pose-toi cette question :
Peux‑tu être loyal aujourd’hui, malgré tes contradictions, tes peurs et tes limites ?
Si oui, tu ne changes pas seulement ta vie, tu participes à créer un monde où être loyal est un choix conscient, pas une illusion imposée.

Parce qu’au fond, être loyal, ce n’est pas gagner contre les autres, c’est gagner contre soi-même.
Et ce gain, bien plus que tout, est ce qui fait de toi un humain digne de ce nom.



LUIGIE


Non : ni “haut viol”, ni “bas viol”

 
I. La violence n’a pas de catégorie

Souvent, quand on parle de violence, on essaie de la classer : “haut viol”, “bas viol”, “grave”, “moins grave”.
Mais la violence reste la violence. Aucune catégorie ne peut diminuer la douleur qu’elle inflige.
Toute agression laisse des traces sur le corps, sur l’esprit et sur le cœur.
Même une “petite” violence peut briser la confiance, détruire le sentiment de sécurité et éteindre la liberté.

Ni “haut viol”, ni “bas viol” les deux sont une atteinte à l’intégrité humaine.

II. Les conséquences invisibles

La violence n’est pas toujours visible.
Souvent, ses marques ne se voient pas sur la peau.
C’est le cœur qui se brise, l’esprit qui s’alarme, l’âme qui perd confiance en elle.
Un mot, un geste, un acte apparemment “minime” peut laisser des séquelles plus profondes qu’une blessure physique.

Minimiser ces violences, c’est invisibiliser les victimes.
Cela leur fait sentir que leur douleur est “moins grave”, “moins valable”, qu’ils sont seuls.

III. Pourquoi dire NON

Il faut dire NON.
NON à toutes les formes de violence, sans excuses ni distinctions.
Ni surface, ni profondeur, ni contexte aucune raison ne peut justifier la violence.

Dire NON, ce n’est pas seulement protéger soi-même.
C’est protéger les autres.
C’est créer une société qui refuse de briser l’intégrité de quelqu’un.
C’est valider la douleur des victimes et affirmer leur droit à se reconstruire.

IV. La société et le cycle de la violence

Une personne victime de violence, sans repère ni soutien, peut reproduire ces comportements.
Il faut briser ce cycle.
Il faut bâtir une culture où le respect, le consentement et la dignité guident chaque action.

La violence affecte tous ceux qui entourent la victime :

  • Les victimes vivent avec un traumatisme profond.

  • Les familles en souffrent aussi.

  • La société devient plus froide, plus fragile, plus violente.

Une société qui tolère ou minimise la violence ne protège pas ses enfants.
C’est la responsabilité de chacun de dire NON et d’offrir sécurité et écoute.

V. Briser le silence et réapprendre à exister

Pour les victimes : vous n’êtes pas seuls.
Ce que vous avez subi ne diminue en rien votre valeur.
Vous avez le droit de parler, de demander de l’aide, de vous reconstruire.

Pour la société : il faut apprendre à écouter, à soutenir et à ne pas minimiser l’expérience des autres.
Comprendre que toute violence est un crime contre la dignité humaine.
Briser le silence, reconnaître la douleur et l’accepter est le premier pas pour guérir.
C’est aussi le premier pas pour ne pas reproduire ce cycle.

VI. Ce n’est jamais la faute de la victime

Il faut le dire clairement : la violence n’est jamais la faute de celui ou celle qui la subit.
Peu importe l’âge, le genre, le corps ou le comportement de la victime, elle n’a jamais mérité ce qui lui est arrivé.

Ce n’est pas la force physique de l’agresseur qui excuse l’acte.
Ce n’est pas un cerveau “mal placé”, ni des pulsions incontrôlables qui légitiment le viol, les coups ou tout type d’abus.
La faute est toujours du côté de celui qui choisit de faire mal, de dominer, de briser.

Dire cela, c’est libérer les victimes de la honte, de la culpabilité et du silence.
C’est rappeler que l’agression est un crime, un choix, une responsabilité, jamais une fatalité infligée à quelqu’un.

CONCLUSION

NON.
Non à toute forme de violence, sans excuse ni justification.
Non à la culpabilisation des victimes.
Non à la minimisation, aux excuses et à la tolérance.

Pour les victimes : vous n’êtes jamais responsables. Vous avez le droit de vivre, de vous reconstruire, de vous aimer.
Pour la société : il faut bâtir une culture de respect, de sécurité et d’écoute.

Parce que la violence n’est jamais inévitable, et la victime n’est jamais fautive.
On ne vit pas pour subir, on vit pour exister.


LUIGIE


Enfance à l’haïtienne : mourir avant de vivre

« Se tankou ou pa moun avan ou vin granmoun. »

En Haïti, l’enfance, c’est pas un conte, c’est une survie.
C’est mourir lentement, chaque jour, avec un sourire forcé, un “wi manman” plein de peur.
On apprend tôt que les larmes, faut les ravaler.
Que la douleur, faut la cacher.
Que le respect, c’est se taire, même quand on te détruit.

En Haïti, l’éducation, c’est une guerre.
On ne te parle pas, on te dresse.
On ne t’écoute pas, on t’ordonne.
Les mots deviennent des armes : “ou sòt”, “ou bèt”, “ou pap janm anyen”.
Et à force de les entendre, tu finis par y croire.
Tu deviens ce qu’on t’a dit que tu étais : un raté, un fardeau, un fantôme.

Ils disent que c’est pour ton bien.
Pour que tu sois fort, pour que tu survives.
Mais survivre, c’est pas vivre.
Survivre, c’est respirer sans exister.
Et c’est ce que beaucoup d’enfants font : yo respire, men yo pa viv.
Yo mache ak je vid, ak kè fèmen, paske lanmou, yo pa janm aprann li.

L’enfance à l’haïtienne, c’est un champ de bataille.
Les parents, les maîtres, les voisins — tout moun vin jwe sou feblès ou.
Yo fè w tounen zombie : pa santi, pa pale, pa plenyen.
Yo prepare w pou yon lavi kote soufrans se nòmal, kote doulè se disiplin.
Et quand tu deviens adulte, tu continues à répéter le même cercle,
paske se sèl modèl ou te genyen.

C’est comme ça qu’on fabrique des gens brisés.
Des bourreaux qui ont été victimes.
Des femmes éteintes qui avaient juste besoin d’amour.
Des hommes durs qui ne savent plus pleurer.
Des adultes qui crient en silence.

Mais faut dire la vérité.
Faut dire que ça tue.
Faut dire que l’enfance à l’haïtienne, souvent, c’est mourir avant de vivre.
Et que nos cicatrices d’aujourd’hui viennent de là.

On nous a appris à survivre, pas à aimer.
Mais on peut réapprendre.
Nou kapab aprann renmen tèt nou, aprann pale, aprann padone.
Pas pou bliye, men pou sove tèt nou.

Parce qu’on ne vit pas pour mourir.
On vit pour exister
pour casser le cercle,
pour redonner à l’enfance ce qu’on nous a volé :
la douceur, la sécurité, la liberté d’être un enfant.

I. Une enfance sous silence

L’enfance à l’haïtienne, c’est une mort lente.
Une vie de sourires forcés, de silences imposés.
Une suite de phrases qui coupent plus fort que les ceintures :
“Pa kriye”, “pa fè tèt di”, “ou pa moun ankò”, “m’ap fòme w pou demen.”
Mais demain, c’est quand ? Et à quel prix ?

On apprend très tôt à se taire.
À dissimuler la douleur derrière la discipline.
À confondre le respect avec la peur.
À obéir sans comprendre, à survivre sans grandir.

Et pendant qu’on nous “forme”, on nous casse.
On arrache la curiosité, la joie, la confiance.
On t’apprend à ne pas déranger, à t’excuser d’exister.
Et dans le silence des maisons haïtiennes, il y a des cris qu’on n’entend jamais.

II. Les coups, les mots et le viol du cœur

“Yon kout baton, se pa sa k touye timoun.”
Mais c’est faux.
Ce n’est pas toujours le coup qui tue,
c’est le regard froid, le mot sale, la honte imposée.
C’est le viol des corps et des âmes,
dissimulé sous la morale, étouffé par la peur du scandale.

L’enfance à l’haïtienne, c’est une succession de blessures qu’on appelle “éducation”.
Les coups, les injures, les humiliations, les silences.
Des gestes violents, mais justifiés par la tradition :
“Se konsa nou te grandi.”
Oui, et c’est justement ça le problème.

Cette culture de la dureté, cette façon de croire qu’un enfant se dresse comme une bête,
qu’il faut casser pour qu’il obéisse,
elle détruit plus qu’elle n’élève.
Elle fabrique des adultes sans tendresse, incapables de donner ce qu’ils n’ont jamais reçu.

III. Pourquoi ils font ça ?

“Poukisa paran w pral rayi w ?”
Souvan, se pa rayi yo rayi w.
C’est la douleur qu’ils portent qu’ils te transmettent.
Ils répètent ce qu’ils ont vécu, sans le questionner.
Ils croient protéger, mais ils reproduisent la blessure.

Nos parents ont grandi dans la peur, la pauvreté, la honte.
Ils ont appris à survivre, pas à aimer.
Alors ils croient que frapper, humilier, corriger, c’est former.
Mais on ne forme pas un être humain avec la peur.
On ne construit pas l’amour avec des coups.

Ce qu’ils appellent “préparer pour la vie”, c’est souvent une préparation à souffrir.
Ils élèvent des enfants en douleur, des adultes pleins de rage, des cœurs fermés.
Ils fabriquent des survivants, pas des vivants.

IV. Les cicatrices invisibles

Grandir ainsi, c’est porter des marques qu’aucune peau ne montre.
C’est rire fort pour cacher les tremblements.
C’est douter de tout amour, même sincère.
C’est s’isoler parce qu’on ne sait plus faire confiance.

Beaucoup deviennent adultes, mais restent des enfants cassés à l’intérieur.
Ils ne savent pas poser des mots sur leur mal.
Yo pa konn kijan pou yo pale, paske depi timoun, yo te aprann fèmen bouch yo.
Alors, ils se taisent encore, même quand ils saignent en dedans.

Cette enfance volée laisse des traces dans la société :
un pays d’adultes blessés, sans écoute, sans patience, sans douceur.
Chacun porte sa rage, son manque, sa peur.
Et le cercle continue — génération après génération.

V. Grandir dans la douleur : un système qui tue

L’enfance à l’haïtienne, ce n’est pas une exception individuelle.
C’est une culture, un système, une éducation basée sur la peur et le contrôle.
On parle de respect, mais c’est la soumission qu’on exige.
On parle de valeurs, mais on étouffe la liberté d’être.

Un pays qui ne protège pas ses enfants prépare sa propre disparition.
Parce que l’enfant, c’est la mémoire vivante de demain.
Et quand on lui apprend seulement la douleur, demain devient une répétition du passé.

Haïti est pleine d’enfants-zombies :
timoun ki viv san souri, ki mache san lespwa.
Yo pa malad, men yo blese.
Yo pa mouri, men yo pa viv.

VI. Briser le silence : réapprendre à exister

Mais tout n’est pas fini.
Nou kapab sispann repete sik la.
Nou kapab aprann pale, aprann tande, aprann padone.
Pas pou bliye, men pou libere tèt nou.

Il faut commencer par dire la vérité.
Dire que ça fait mal, dire que c’est injuste.
Dire qu’un enfant n’a pas à mériter l’amour.
Dire qu’être parent, c’est pas dominer, c’est accompagner.

C’est seulement ainsi qu’on pourra reconstruire l’âme du pays.
En donnant à nos enfants ce que nous n’avons pas eu :
l’écoute, la douceur, la reconnaissance, la tendresse.
Pas la peur. Pas la honte.

Conclusion

Grandir dans l’enfance à l’haïtienne, c’est survivre à une mort lente.
Mais exister, c’est refuser de continuer à mourir.
C’est regarder la douleur en face et dire : li fini.
C’est briser le cycle, c’est parler, c’est aimer autrement.

À tous ceux qui portent ces blessures silencieuses :
ou pa pou kont ou.
Tu n’es pas seul.
Nous sommes nombreux à avoir grandi dans la peur, dans la honte, dans la colère.
Mais nous pouvons transformer cette douleur en force, ce silence en voix.

Parce qu’on ne vit pas pour mourir.
On vit pour exister.
Pour reconstruire ce que d’autres ont brisé.
Pour aimer nos enfants sans leur voler leur enfance.
Et pour prouver que, même après la mort lente,
on peut encore renaître.


LUIGIE

Grandir sans repères : cicatrices invisibles

T’étais là, peut-être.
Mais moi, j’étais invisible.

Grandir sans repères, c’est vivre dans un monde où tout le monde semble savoir où il va, sauf toi. C’est avancer dans la brume, les yeux ouverts, mais sans direction. Il n’y a ni main pour te guider, ni voix pour te rassurer. Seulement le silence, parfois entrecoupé de regards qui ne te voient pas. Ce n’est pas seulement l’absence d’une présence physique  c’est l’absence d’un ancrage, d’un chez soi intérieur.

I. L’absence de repères familiaux : le vide au commencement

La famille, pour beaucoup, c’est la première école du cœur.
Mais quand cette école ferme trop tôt, on apprend seul.
Grandir sans repère familial, c’est chercher sans cesse une figure à admirer, une épaule sur laquelle reposer ses doutes, une voix qui dit : tu peux tomber, je serai là.

Mais quand personne ne t’attend, tu finis par ne plus rien attendre.
Tu développes une indépendance qui ressemble à de la force, mais qui n’est qu’un camouflage de blessures. Tu apprends à ne pas déranger, à tout garder pour toi, à sourire même quand ton monde s’écroule.
Tu deviens ton propre parent, ton propre refuge, ton seul témoin.

Cette solitude précoce laisse des marques invisibles. Elle transforme la manière dont on aime, dont on se protège, dont on regarde le monde. On grandit, oui. Mais sans racines. Et un arbre sans racines ne tombe pas toujours… il se dessèche lentement.

II. Le chaos émotionnel : douter de soi, douter du monde

Quand on n’a pas eu de repères affectifs, on ne sait plus très bien comment ressentir.
Les émotions deviennent des énigmes. On confond la peur et l’amour, la colère et la tristesse.
On apprend à cacher, à dissimuler, parce qu’exprimer devient un risque.

On se demande souvent :
Est-ce que ce que je ressens est vrai ?
Est-ce que j’ai le droit d’avoir mal ?
Est-ce que je mérite d’être compris ?

Cette confusion émotionnelle crée des murs intérieurs. On devient observateur de sa propre vie, spectateur de ses émotions. On se coupe du monde pour ne plus souffrir, mais ce mur finit par nous étouffer.
Le cœur, lui, bat toujours mais il bat dans le vide.

III. L’effondrement mental : sourire pour survivre

Sur le plan mental, grandir sans repères, c’est vivre avec des fissures qu’on apprend à cacher.
On craque souvent, mais en silence.
On rit fort pour ne pas pleurer.
On parle vite pour ne pas penser.

La fatigue devient permanente. Pas celle du corps, mais celle de l’âme.
Celle qui fait douter de tout, même du lendemain.
On s’accroche à des illusions : un rêve, une relation, une réussite. Mais rien ne comble ce manque d’origine.
C’est une blessure qui ne saigne pas, mais qui vide de l’intérieur.

Et pourtant, dans ce chaos, il reste une force étrange. Celle de continuer, même sans savoir pourquoi. Celle de sourire malgré la tempête. Celle de survivre là où d’autres auraient cessé de lutter.

IV. L’impact sur la société : une génération désorientée

Ce manque de repères personnels finit par se refléter dans la société.
Une société où beaucoup ne savent plus aimer sans craindre, aider sans douter, exister sans se comparer.
On voit des gens marcher vite, parler fort, se montrer heureux — mais à l’intérieur, beaucoup sont perdus.

Quand on n’a pas appris la tendresse, on a du mal à la donner.
Quand on n’a pas reçu l’amour, on le cherche dans des regards qui ne durent pas.
Alors, on s’isole. On s’éloigne. On se construit des carapaces en espérant que quelqu’un verra au-delà.
Mais rarement, on ose dire : je me sens seul.

Ce vide intime devient collectif.
Une société sans repères devient une société blessée, désunie, en quête de sens.
Et cette quête de sens, c’est le cri silencieux de tous ceux qui, un jour, n’ont pas été vus.

V. Exister malgré tout : la renaissance invisible

Grandir sans repères, ce n’est pas une condamnation.
C’est une épreuve qui forge différemment.
C’est apprendre, tardivement, à se donner à soi-même ce qu’on n’a pas reçu.
C’est comprendre que la douceur peut se réinventer, même après le froid.

Exister, ce n’est pas seulement vivre ou survivre.
C’est décider, un jour, de ne plus être invisible.
C’est regarder ses cicatrices et dire : elles ne me définissent pas, elles me racontent.

Parce que oui, les cicatrices sont invisibles, mais elles sont réelles.
Elles témoignent d’une enfance sans repères, d’une lutte silencieuse, d’une survie dans l’ombre.
Mais elles peuvent devenir la preuve qu’on a trouvé, enfin, la force d’exister par soi-même...

Grandir sans repères laisse des cicatrices que personne ne voit, mais que le cœur ressent chaque jour. Ce vide ne disparaît pas facilement, mais il peut devenir une force silencieuse, une lumière fragile qui nous pousse à avancer malgré tout. Ce que nous avons perdu en chemin ne définit pas ce que nous pouvons devenir.

Il est important de se souvenir que nous ne sommes jamais vraiment seuls. Beaucoup portent les mêmes blessures, le même sentiment d’abandon, la même envie d’être enfin vus et compris. Et c’est dans cette reconnaissance partagée que commence la guérison : quand on se regarde les uns les autres, non pas avec jugement, mais avec compassion.

On ne vit pas pour mourir.
On vit pour exister, pour se construire malgré le manque, pour transformer la douleur en sens, le silence en voix.
Exister, c’est refuser de disparaître.
C’est apprendre à dire : j’ai mal, mais je suis encore là.

Et parfois, ce simple fait d’être encore là…

est déjà une victoire..



LUIGIE

vendredi 5 septembre 2025

SIKATRIS

Se pa sa w pote sou po w la,

men sa w pote anndan ki vizib lan

Sikatris se pa sa ou di ki fè m rete fikse,
a se sa ki anpeche m refize a

Sikatris se pa imilyasyon an,
men se sansasyon an

Sikatris se pa sa w ban m lan,
men pito repwòch lan kap sonnen nan mwen tankou yon klòch

Ou ka konprann,
men w pa konprann

Sikatris se pa fason ou gade m ak pitye ak degou,
men se jan lespri m wont li kouri al kache nan twou an

Sikatris se lè m konnen m pap janm anyen
nan je moun m ta sipoze yon pakèt bagay

Sikatris se fason ou lage m,
ou vire do w,
ou ale san w pa di babay

Sikatris se sa ou toujou ban m kè m pa bay

Sikatris se louvri baryè lavi m tankou yon poul kap gaye pay

Sikatris se anvayi m, trayi m, blayi m tankou yon vye bagay

Sikatris se lè padon pa sifi,
koz nèf pap janm tounen sis

Sikatris se bri yon sakrifis,
se imaj yon bagay ki detwi w

Se yon ògàn anplis,
ke w aprann viv avè l…
pou tout lavi...


                       LUIGIE

vendredi 15 août 2025

Imparfait parfait

Le corps humain se compose de la tête, du tronc et des membres

Mais est-ce une raison pour juger ceux qui n’ont pas de membres ?

Ton corps n’a pas à ressembler à l’image qu’on appelle « parfait »
Tu as le droit de l’aimer même si toi, ou d’autres, le jugent imparfait
Oui, tes seins peuvent être longs, c’est ton corps, tu n’as rien demandé
Oui, ils peuvent être petits, ça n’enlève rien à ta séduction ni à tes désirs, ni à ta valeur

Une remarque sur mon physique n’est pas une remarque 
c’est une intrusion, une insulte

Mon visage, mes seins, mes formes
sont uniques, esthétiques, à leur manière
Si tu n’acceptes pas mon corps, ce n’est pas mon problème 
parce que tout dépend de moi

Mes formes me rendent spéciale
C’est parfait, parce que c’est en moi
Ce qui rend imparfait le parfait c’est le plus-que-parfait.

Tu es spéciale
Tu n’as pas besoin de te sentir minuscule face à une Femme
face à un prédateur, ou face à qui que ce soit
La nature a prévu quelqu’un pour aimer ce que tu es

Je n’ai pas à changer pour que tu m’aimes
car mon âme reflète déjà ma beauté.


                                                              LUIGIE

dimanche 6 juillet 2025

JE SUIS UNE ARTISTE

 Je suis une artiste

Pas pour plaire

Pas pour briller

Mais parce que je ressens trop.


Je transforme ce que les autres fuient

Je donne forme à l’absence

je donne voix au silence

Je façonne le chaos intérieur

et je l’offre, nu, brut, fragile.

Je suis une artiste

parce que je ne sais pas mentir avec mon cœur de femme

Parce que chaque émotion me traverse

comme une lumière blessée

et je ne peux pas la taire.


Je suis une artiste

dans mes silences

dans mes doutes

dans mes mots griffonnés à l’aube.


Je suis une artiste

même quand personne ne regarde

même quand tout s’effondre

même quand je doute de l’être


Je suis une artiste

Et cela suffit  car cela m’appartient.

LUIGIE

L’humain n’est pas loyal

L’humain est-il vraiment loyal ? Comment un être qui traverse une aventure qu’il ignore, qui ne choisit pas ses passions, ses amours, ses d...